Auditorium de la Chapellerie
Malgré son histoire millénaire, et les différents répertoires qu’elle eut à explorer, la vielle à roue est restée un instrument secret et énigmatique pour ceux qui l’entendent. Les possibilités sonores multiples, encore augmentées par les outils de traitement actuels, en font pourtant un laboratoire musical très riche autant pour les interprètes chercheurs que pour les compositeurs.
Cependant, alors que la nouvelle génération de viellistes, qui se développe depuis les années 1990, a amené la vielle dans les répertoires variés des musiques actuelles, du jazz, des musiques improvisées, très peu de compositeurs de musique savante d’aujourd´hui ont été sollicités et de ce fait le répertoire contemporain pour vielle à roue reste très limité.
C’est pourquoi, après avoir interprété divers répertoires allant des musiques anciennes aux musiques improvisées mais également composé elle-même des oeuvres mixtes pour son instrument, Laurence Bourdin a souhaité passer commande à Jean-Michel Bossini, Xavier Garcia, Christophe Havel, Pascale Jakubowski et Pierre-Alain Jaffrennou, cinq compositeurs reconnus dans les domaines des musiques contemporaines et actuelles. Chacun a composé une oeuvre pour vielle à roue (seule ou avec électronique sur support ou avec traitements sonores en direct) et participeront ainsi à développer le répertoire contemporain pour cet instrument.
La thématique retenue pour ce projet est inspirée du livre de Corinne Pradier « Lieux mystérieux en Auvergne » dans lequel l’auteur s’interroge sur la notion de mystère aujourd’hui, sous ses diverses formes et dimensions. Ces textes et ces lieux ont été le point de départ pour les cinq compositeurs et sont présents dans la création sonore acousmatique réalisée par Laurence Bourdin, comme un fil conducteur entre les cinq oeuvres.
« Par la magie de la poésie et celle de l’instant »,
la vielle et l’électroacoustique sont ainsi en dialogue étroit avec la composition vidéo en direct de Benoît Voarick, réalisée à partir de captations sur les sites choisis. Ensemble, ils donnent corps à un spectacle sonore et visuel mettant en miroir l’écriture musicale contemporaine et l’intemporalité des symboliques du mystère, au sein de divers lieux naturels ou bâtis qui depuis tout temps égrènent leurs secrets : que nous inspirent le village englouti sous un lac… la présence d’une chapelle en haut d’un dyke volcanique… le fléau proche de la peste prenant la forme d’une Bête dans le Gévaudan… les phénomènes étranges et les peurs attachées au Triangle de la Burle… ?
« Ainsi, le mystère se fraie‐t‐il un passage dans le lit de ce qui fait nos vies, abolissant les frontières de l’espace et du temps, de l’ordinaire et de l’extraordinaire. »
L’écriture poétique et vidéographique suit le sillon tracé par la musique et répond aux tensions et aux espaces générés par celle‐ci, plongeant le spectateur dans une expérience sensorielle intense, dans un questionnement, un voyage personnel qui met en résonance ses émotions et ses souvenirs sur des lieux ayant marqué sa mémoire.